Ainsi se termine dans
la déconfiture et avec des dettes qui l'accableront
sa vie durant, la courte aventure d'imprimeur d'Honoré
de Balzac. Elle lui servira toutefois de source d'inspiration
pour le roman central de la «Comédie humaine»:
Illusions perdues paru à partir de 1836
qui décrit, les aventures de deux amis: l'un David
Séchard, petit imprimeur d'Angoulême qui
devra céder son affaire acculé par les dettes,
l'autre Lucien Chardon, poète et journaliste que
la vanité perdra. Dans ce roman magistral, Balzac
décrira avec l'acuité qui le caractérise,
le monde de l'édition, de l'imprimerie et de la
presse.
Les réminiscences
de son expérience d'imprimeur sont manifestes lorsque
Balzac énumère en initié dans l'imprimerie
Séchard, «les balles, bancs, ramettes, ais,
jattes, pierre et brosse à laver ainsi que les
cordes d'étendages des feuilles».
Cela
ne l'empêche toutefois pas de faire quelques erreurs
que les spécialistes n'ont pu s'empêcher
de remarquer (ainsi Balzac fait-il prendre au vieux Séchard
dans une casse «un M», alors qu'un vrai typographe
aurait dit «une M»), mais au final, Illusions
perdues constitue une véritable introduction
à l'activité d'imprimeur au XIXème
siècle.
En 1843, dans «Lettres
à l'étrangère», Balzac dira
de ce roman: «Le tome VIII, où sont Illusions
perdues (...), c'est le volume monstre!... C'est l'ouvre
capitale dans l'ouvre.»