Analyse du Romain de Jenson
Centaur, une
version contemporaine (1914) du Jenson par Bruce Rogers
Les
capitales sont dotées d'empattements triangulaires très uniformes;
les terminaisons du 'C' et du 'S' sont également triangulaires.
On peut voir dans le 'M' de manière figurative un 'V' posé
sur deux 'I'. La position oblique des extrémités triangulaires
de la ligne de tête du 'T' présente une singulière
originalité.
Les minuscules, extraites
d'une écriture, rappellent le tracé pratiqué par une
plume d'oie, fléchissant à l'attaque du trait et s'infléchissant
au moment de la rupture du tracé. L'attaque du trait est invariable
alors que la terminaison subit seule une variante, celle de l'empattement
triangulaire pour la consolidation du jambage et l'unification de style
avec les capitales. Cette caractéristique se retrouve ainsi dans
le 'i', le 'l', le 'r', etc. La terminaison infléchie conduit aussi
à la liaison d'une lettre, comme dans le 'm' ou le 'h'. La forme
de l' 'o' régissant la figure des lettres à panse ('b', 'c',
'd', 'e', 'g', 'p' et 'q') et le bouclage de l' 'a' et de l' 'e' n'ayant
qu'une importance conventionnelle, il est presque possible de réduire
le tracé de ces vingt-cinq lettres à deux figures élémentaires:
un trait et un rond. On peut noter que la traverse horizontale du 'e' est
légèrement oblique, que le 'a' n'a pas de larme, cette petite
perle à l'extrémité de la boucle.
Globalement, ce caractère
ne présente que de faibles contrastes entre les pleins et les déliés,
ce qui fait que sa couleur d'ensemble est assez monotone, surtout si on
la compare à celle du gothique. Enfin, on peut noter que les capitales
s'alignent avec les hampes supérieurs du bas de casse, ce qui les
rend très visibles et impose au compositeur d'en limiter le nombre.